La Finlande c'est cool

- Finlande
Aurore boréale en Sápmi

Cela va faire maintenant trois mois je que je suis en Finlande, je pense avoir assez de recul pour réagir à mon précédent article « A+ la France ». Autant le dire tout de suite : tout se passe très bien ici. Partir était l'un des meilleurs choix que j'ai fait dans ma vie (peut-être le meilleur d'ailleurs). J'ai créé un blog pour raconter mes aventures mais je compte le fermer, alors j'écris un article à propos de ma vie au pôle nord ici.

Le début

Comme je l'avais indiqué dans mon mail précédent, j'ai atterri en Finlande le 3 janvier et j'étais dans ma petite ville le 4. J'ai découvert mon appart (plutôt spacieux) et mon premier coloc (le dernier est arrivé deux semaines plus tard). À ce propos, j'étais extrêmement soulagé de voir que mes colocs étaient et sont très gentils. On n'est pas particulièrement proche mais la cohabitation se passe sans problème à tous les niveaux (ménage, cuisine, bruit, courses etc.).

Vue de la fenêtre de ma cuisine

Au tout début, c'est à dire la première semaine, c'était dur. Un de mes meilleurs amis m'avaient dit « tu verras en arrivant tu te diras deux choses : pourquoi je suis venu et je veux revenir ». Il avait raison, c'est exactement ce que je me suis dit. Les 3 premiers jours, j'ai beaucoup pleuré. Ce n'était même pas lié à la solitude ni à de l'inconfort social (mes deux plus grandes craintes). Je pense c'était seulement à cause du bouleversement soudain et nouveau pour moi.

Il faut dire que je n'ai pas décidé de déménager à Lille, à Montpellier ou à Marseille, mais à Joensuu. C'est la première fois que je quitte ma ville natale et je choisis un bled totalement perdu à 2500km de chez moi, à l'autre bout de l'Europe. Du jour au lendemain, je suis passé du climat océanique au climat sub-arctique. De +12°c à -25°c. Du coucher de soleil à l'apéro au coucher de soleil à l'heure du goûter. D'un soleil rayonnant à un soleil pas plus puissant qu'une lampe de chevet.

Soleil qu'on a en plein milieu de la journée en Janvier...

Bref, c'était pas de la tarte au début, mais ça s'est nettement et rapidement amélioré. Déjà parce que j'ai rencontré du monde. Grâce à mon coloc, j'ai rencontré des gens dès mon premier jour d'arrivée. Comme j'habite dans une résidence d'étudiants étrangers, tout le monde arrive ici seul et veut bien évidemment fuir l'isolement. Du coup, on rencontre super facilement plein de gens venant des quatre coins du monde.

En quelques semaines, j'ai rencontré des étudiants venant de Belgique, d'Allemagne, des Etats-Unis, d'Espagne, du Portugal, d'Italie, de Pologne, de Tchéquie, de Russie, de Grèce, de Colombie et même de Bretagne ! Tous les jours je fréquente des gens de toutes les nationalités et c'est trop trop bien. Grâce à toutes ces rencontres, je me suis fait des copains/copines très vite et ça m'a clairement sorti de ma déprime d'arrivée.

S'acclimater à la Finlande

Température, météo et soleil

On comprend toute le sens du verbe « s'acclimater » quand on part vivre en Finlande. Au sens propre, il faut d'adapter aux températures extrêmes. En janvier et février, il pouvait faire jusqu'à -30°c. Ça pique. La première semaine j'ai attrapé la crève. J'ai du acheter un manteau étant donné que le plus résistant de chez Décathlon est vite devenu inutile. Chaque centimètre de peau doit être couvert, sinon ça brûle (je vois pas quel autre mot utiliser).

Il y a aussi la neige, mais ça c'est trop cool. En hiver, il neige h24 et comme il fait froid elle reste toute belle et poudreuse. Aussi, on ne glisse pas. La glissade arrive quand les températures remontent, que la neige devient de la gadoue puis une fois fondue laisse à l'air libre la couche de glace qui recouvre le sol. Aujourd'hui (c'est à dire fin mars), la température oscille autour de zero donc c'est tranquille, par contre on manque de se casser la gueule à chaque fois qu'on fait 10 mètres.

Vue du lac au pied du parc national de Koli

En revanche, je n'ai jamais eu autant de soleil. Il ne pleut jamais, fait étrange. Même s'il neige, le ciel est totalement dégagé la moitié voire la majorité du temps. Il n'y a pas plus agréable que ce prendre un bain de soleil sous +2°c quand on passé les derniers mois sous un coucher de soleil permanent et -20°c. Aussi bizarre que ça puisse paraître, je fais plus photosynthèse en Finlande qu'en Normandie.

Enfin, les paysages sont exceptionnels. Même si tout est plat (on est bien loin des reliefs norvégiens), la nature est magnifique. Partout il y a des pains immenses souvent recouverts d'une fine couche de neige. Les lacs sont gelés et recouverts de neige, cela donne des panoramas impressionnants. Si on ajoute à cela le beau ciel bleu qu'on a souvent, ça en jette un max !

Île au milieu du lac Pyhäselkä

Langue, bouffe et habitudes finlandaises

Au sens figuré, il faut s'acclimater à la langue. Enfin plutôt, s'acclimater à ne pas comprendre la langue car c'est mission impossible. En 3 mois je n'ai appris aucun mot en finnois et pourtant j'avais un cours de finlandais. J'ai du m'accrocher quelques temps à l'idée d'apprendre quelques trucs puis finalement j'ai abandonné.

Le finnois est une langue alien. Aucun mot de ressemble au français (ni à l'anglais). Aucun. Exemple tout bête, voilà comment se traduit la phrase hier je suis allé au marché acheter des pommes et des myrtilles : eilen menin markkinoille ostamaan omenoita ja mustikoita. Ça ne ressemble à rien car non seulement le finlandais est une langue conglomérante (on doit assembler plein de bouts de mots pour former les mots), mais l'origine de ses bases verbales vient d'on ne sait pas trop où du côté de la Hongrie. Bref, un cauchemar.

Donc faut s'acclimater à la langue. Il faut aussi s'acclimater à la bouffe, même si de ce côté-là c'est pas trop compliqué. On trouve quasiment les mêmes produits qu'en France à quelques exceptions près (les pâtes feuilletée et brisée notamment). Mais comme il existe plein de trucs délicieux qu'on ne trouve pas en France, ça compense. Parmi les trucs trop bons que j'achète souvent, on trouve les roulés à la cannelle (korvapuusti), le jus de canneberge (karpalo mehu) et du saumon (bon ça existe en France mais ici c'est moins cher).

Une part de pizza, un roulé à la cannelle et un verre de jus de canneberge

À propos de la bouffe et de la langue, je n'ai jamais autant passé de temps dans des supermarchés. Comme je comprends rien au finnois (mais vraiment rien), je comprends pas ce qu'il y a dans les rayons. Je comprends la douleur des illettrés depuis que je vis ici parce que se fonder que sur le packaging d'un produit, ça n'aide absolument pas pour savoir ce que c'est. Je ne peux même pas compter sur les ingrédients marqués au dos, ils sont traduits soit en suédois, soit en russe... Je passe donc des heures dans les supermarchés parce que je traduis tout avec mon téléphone.

Sinon, j'ai découvert quelques habitudes finlandaises. En vrai la vie finlandaise est hyper proche de celle française : on bosse, on bouffe, on fait dodo, on se divertie le weekend. Bien sûr, de nombreuses choses sont différentes et c'est vraiment très marrant à découvrir. Genre par exemple tous les commerces ferment à 16h, c'est étrange mais c'est ainsi (et c'est très bien pour que les salariés se reposent).

Concernant l'espace public, comme il y a de la neige h24, les parents transportent leurs gamins en les foutant sur des luges et en les tirant de rues en rues. Ils font pareil avec les courses. Bien sûr, on croise des skieurs de fond dès qu'on fait trois mètres (il y a des circuits de ski de fond qui traversent tous les endroits de la ville). Il est aussi fréquent pour les finlandais d'aller faire du hockey ou du patin à glace sur des terrains spéciaux dans leur quartier.

Quand il neige beaucoup et qu'il n'y a pas de vent, les arbres gagnent un feuillage blanc

Le vélo en Finlande est omniprésent (enfin du moins dans ma ville). Il y a des pistes cyclables PARTOUT. Des pistes, pas des voies ! Les piétons partagent le trottoir avec les vélos et les vélos traversent les routes en passant sous des ponts. La plupart des vélos n'ont pas de vitesse puisque tout est plat et qu'avec le froid, passer les vitesse est presque impossible (je l'ai appris à mes dépens).

Il y a aussi les saunas, mais j'aime pas les saunas.

La vie quotidienne

Cela fait 3 mois que je suis là, donc l'euphorie de l'arrivée est passée depuis longtemps. J'ai toujours des surprises, mais mes journées se sont apaisées et ont plutôt laissé place à un quotidien calme et habituel. La plupart du temps je vais manger à la fac le midi puis j'étudie ou je vais en cours ensuite. Dés fois je vais faire du piano, il y en a à disposition à la fac.

En dehors de la fac, je passe du temps avec des copains/copines de la résidence. On organise des repas, on travaille ensemble, on joue à des jeux, on cuisine ensemble. Parfois on va se balader autour du quartier, à Joensuu ou ailleurs (il y a deux semaines je suis allé faire du ski alpin). On va aussi prendre des goûters en ville, boire des coups ou manger au restaurant (la covid existe quasiment pas ici, alors tout est ouvert).

Une des rues principales de Joensuu - très moche - bienvenue en URSS ?

Je dois bien sûr travailler mes cours qui sont d'ailleurs tous sur Zoom (sauf un). C'est un autre truc pour lequel j'ai du m'habituer, ça et la charge de travail plus importante qu'en France (même si ça reste raisonnable). C'est marrant parce que comme je n'ai aucune distraction professionnelle, militante ou autre, je suis vachement concentré sur mes études. Ça change...

Je tiens aussi à remarquer que vivre en Finlande est très calme, y compris politiquement. Le modèle social Finlandais est relativement bien foutu, ce qui fait que les gens disposent d'une forte protection sociale et salariale. Aussi, les finlandais ont une assez grande confiance envers l'Etat et ses représentants. Exemple frappant 1 : il n'y a pas un SDF à Joensuu parce que toute personne sans domicile se voit prêtée un logement par la municipalité. Exemple frappant 2 : pas de corruption en Finlande.

Du coup l'inconvénient c'est que politiquement on se fait super chier. L'absence de fortes exploitations salariales et la puissance des syndicats finlandais fait que les gens sont plutôt satisfaits de leur économie capitaliste régulée (en vrai tant mieux mais bon le capital ça reste de la merde). Une de mes profs m'a dit « il n'y a pas d'exploitation en Finlande » et j'ai même pu lire sur internet qu'il n'y avait plus de classe sociales en Finlande. C'est bien sûr faux mais ça montre quand même à quel point les conditions matérielles d'existence des finlandais et finlandaises sont bonnes.

Dans mon quartier

En tout cas vous l'aurez compris, la vie est très tranquille ici et je m'y plais beaucoup. La France me manque mais je ne vois pas du tout le temps passer. Je suis sûr que je serai triste de rentrer. Mon séjour en Finlande est tombé à un excellent moment de ma vie (trop de Normandie, trop de famille, trop d'ennui, trop de routine, trop de covid) et j'aurai passé 5 mois dans un incroyable Pierre & Vacances géant.